Moonlight Wandering

Les heures défilaient sous mes yeux dans cette grande chambre vide qu'était la mienne. Horny depuis des semaines et maintenant à court de drogue, je ne trouvais pas le sommeil. Il faisait froid, je me couvrais. Et il faisait chaud, je repoussais les couvertures. Eh bien tant pis. J'irai dans le salon. Nous sommes un Vendredi soir, il doit bien y avoir quelques âmes là-bas.

Je me levai, attrapai une paire de short jaune rayé vert et un chandail rose de Pinkie Pie format 4 ans. Il faut dire que ma petite taille m'avantageait pour ça. Puis je mis des bas hauts blancs avec deux rayures noires dans le haut avant de descendre. Curieux, c'était vide. Sombre. Glauque. Je me dépêchai donc d'aller ouvrir la lumière de la lampe sur pied. Quelqu'un avait laissé des bonbons sur la table. Eh bien tant pis pour lui, j'en volai un et j'allai me prendre un soda dans le distributeur.

Je sautai ensuite sur le sofa et débouchai ma canette de coca-cola pour la poser à côté des bonbons. Puis j'ouvris ma console, bien étendue sur le sofa, pour jouer à Final Fantasy. C'était mieux que la télé ou de me toucher une énième fois...

Une voix soudaine me fit sursauter. Je regardai par-dessus mon épaule. Je mis un peu de temps à le reconnaître, mais ça se fit rapidement. À vrai dire, je le connaissais surtout de vu; je ne lui avais jamais parlé.

Enfin, c'est pas parce que je ne le connaissais pas que c'était une raison pour le snober. Je lui souris finalement.

« Crisis Core. Tu veux me regarder jouer? »

Pourquoi pas? Après tout, je ne le connaissais pas trop, alors autant mieux proposer une activité qui rapproche. Cependant, je me dis que j'aurais dû mettre un autre chandail. C'est joli les crop-top comme ça (même si en vérité, c'est uniquement un chandail de petite fille de 4 ans), mais quand je suis bien avachie, y'a des petits plis de peau qui me font des bourlets. Pas super sexy, si vous voulez mon avis. Bon, pas qu'avec un chandail de Pinkie Pie je suis sexy mais... quand même...

Je m'étais reconcentrée sur mon jeu. Je finissais une petite mission simple en à côté avant d'aller battre Genesis. J'alternais les coups avec le fameux 'x' et mes spells de feu, suivit de ceux de glace. Mais ceux de feu étaient plus fort. Cependant, je ne pouvais pas améliorer mon spell de glace sans l'utiliser, ça marche pas comme ça la vie.

Je vainquis donc ce con, avec un peu de misère parce que je me sentais anormalement observée, avant de consulter mes stats. Du coin de l'oeil, je le voyais regarder Pinkie Pie (ou ma poitrine), mon ventre, ma console, de nouveau mon chandail… il a jamais vu une fille de sa vie ou quoi? Okay, au tour du poète.

Genesis me fait un peu penser à Lysandre. Les deux sont poète, ils ont l'air un peu gay et… Genesis se retrouve les cheveux blancs à la fin du jeu. J'étais pas rendue là mais bon, sur internet, je l'avais rapidement vu. Je m'étirai les jambes, les posant sur la table basse. J'avais déjà un peu moins de pli de peau comme ça. Si ça se trouve, il allait arrêter de dévisager mon pauvre bedon percé. Mine de rien, ça m'énervait un peu qu'il ait tant regardée mon ventre. J'suis pas grosse, loin de là. J'ai un métabolisme assez fort et je dirais que malgré tout, j'ai une bonne habitude de vie… c'est-à-dire, manger souvent de petites portions, beaucoup de légumes, des collations pas trop grasses malgré tout pour me laisser aller une fois de temps en temps… C'était pas le top, mais quand même mieux que rien. Et ça m'énervait qu'on fixe mon ventre comme ça alors que j'avais clairement pas un surplus de poid.

Peut-être aussi qu'il fixait mon grain de beauté à côté de mon nombril. Ça m'énervait encore plus plus.

Dût à tout ça et au stresse de battre Genesis, je fis glisser mon piercing contre mes dents, un peu énervé (et probablement encore plus énervante.) Puis je me tournai vers lui.

« Par contre, chaton, va falloir que tu arrêtes de me fixer comme ça. Ça me dérange pas que tu me regardes jouer mais lâches mon nombrils tu veux? »

J'avais utilisé un ton assez ferme que j'employais rarement, mais je m'efforçai de lui sourire quand même. Après tout, il sentait le puceau à plein nez; il pouvait pas savoir que pour une fille, c'était intimidant d'être autant fixée.

Il ne répondit pas et se contenta de s'étirer et moi j'entrai dans la salle du boss. Battre Genesis, avec tous les points que je m'étais fait, avait été facile. Il m'avait posé une question, que je laissai en suspend le temps de finir de le battre. Une fois finit, bien entendu, Genesis s'enfuit me laissant seul, dans une pièce vide que je devais quitter rapidement.

J'ai combien de piercing? J'y réfléchi un peu en sortant de l'immeuble.

« Euh… j'sais pas. Quelques uns sûrement. Tu veux voir? »

Je ris et lui fit un clin d'oeil. En fait, habillé comme je suis, les seuls piercing que je pourrais cacher seraient intime.

Puis je retournai à ma console où, une fois sortie, je me fis attaquer par un monstre, une genre d'autruche mutante… et je mourrus.

« Sérieux? Fuck off. »

Je fermai la console et boudai.

« Toi t'es percé? »

Il frissonna et ça me fit rire un peu… au moins j'en oubliais la stupide autruche. Sincèrement, j'étais toute prête à continuer de chercher Angeal et l'autruche est venu profiter du fait que Genesis m'avait affaibli pour me battre. Comment se fait-il, de toute façon, qu'une autruche m'ait battu?! Quel développeur a décidé qu'une autruche pourrait vaincre Zack?!

En tout cas, de son côté, il semble pas trop aimer les piercings. Mais il semble aimer ma console. Ce qui est quand même drôle car elle est outdate un peu. Je lui souris et lui tend ma console.

« Joue pas sur ma game si tu veux jouer. Ma game à moi. »

Je me couche sur le côté, la tête sur le bras du sofa. Je regardais son reflet dans l'écran éteins de la télévision cathodique.

« C'est quoi ton nom? »

Il me sourit un peu en se commença une partie. La seconde fois qu'il releva la tête, c'est quand je lui demandai son nom. Il s'était tourné vers moi, mais je ne lui adressai pas plus un regard que ça. Après tout, je le voyais très bien dans l'écran de la télévision. Je n'eus pas à lui dire mon nom, il le connaissait déjà et ça me fit sourire lorsqu'il dit que j'étais probablement la déléguée la plus bizarre qu'il ait jamais vu.

Je baissai donc la tête en fermant les yeux, en laissant échapper un petit rictus.

« Parce qu'il y a un code de conduite à être délégué? »

Il n'y avait pas beaucoup de gens qui comprenaient comment j'étais devenue déléguée. Et le plus marrant, c'est qu'il croyait que j'étais déléguée principale. Alors c'était encore plus marrant de lui poser cette question, le faire réaliser que c'était probablement pour des raisons hyper clichés qu'il me trouvait bizarre comme délégué et ensuite le déstabiliser. Je suis horrible à autant aimer déstabiliser les gens, mais c'est une fois qu'ils sont plus vulnérable qu'ils révèlent leur nature.

Après tout, les humains, c'est comme des noix! Tu dois les briser pour en voir l'intérieur.

Woah. C'est glauque. En plus, comme les noix, si tu manges un humain, il meurt.

Moi? Chelou? J'éclatai de rire. C'était vrai. Mais être délégué, c'était pas que remplir des papiers.

« En vrai, être délégué, c'est pas juste remplir des papiers. C'est rencontrer pleins de gens, organiser des activités, faire des fêtes, décorer l'école… Y'a pas besoin d'avoir le sérieux de Nathaniel pour ça. »

Je m'étendis un peu sur le dos, remontant les jambes. Je ne suis pas gênée, loin de là, souvent on me trouve même envahissante, mais j'allais pas poser mes pied directe sur ses cuisses. J'ai quand même du respect. Cependant, mon genoux était collé à son épaules. Bof, mon genoux, mon épaule, rendu là il doit s'en foutre. Je passe mon bras au-dessus de ma tête et le laisse pendre dans le vide. De l'autre main, j'attrape la télécommande et ouvre la télévision. Acte imprudent, bien sûr, mais j'en ai pas grand-chose à foutre. Je mis Netflix et puis j'allai chercher Silent Hill. C'est bien beau, le regarder jouer, mais comme il s'est recommencé un partie, je ne vais pas observer tout ses faits et gestes; je suis passée par là.

Il finit par éteindre la console en me la redonnant. Je la pris et lui offris un dernier sourire.

« Live your life boy. » Lui lançai-je.

Je rallumai donc ma console car en vrai, j'allumai surtout la télévision pour faire autre chose que regarder le plafond pendant qu'il jouait sur ma console. Une jolie nuit blanche s'affichait devant moi, ou du moins jusqu'à ce qu'un surveillant d'élève débarque et m'engueule parce que je mène trop de bruit alors que tout le monde devrait dormir.